Communiqué « Présidence française du Conseil de l’UE : Une Europe humaniste sans solidarité internationale ? »
Paris le 10 décembre 2021
Ce jeudi 9 décembre, le président Emmanuel Macron a annoncé les priorités que son gouvernement portera pendant la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE). Plusieurs points cruciaux pour Coordination SUD et ses membres restent en suspens et notamment l’importance donnée à la solidarité internationale dans l’action extérieure européenne et l’implication réelle de la société civile lors de cette séquence.
Les grandes orientations politiques et stratégiques portées par la France à l’occasion de la PFUE, rassemblées sous le triptyque « Relance, Puissance, Appartenance » ont pour ambition de replacer la France et l’Union européenne sur le devant de la scène internationale.
Il est frappant de constater que les termes « solidarité internationale » ou « coopération internationale » n’ont pas été mentionnés une seule fois sur un discours d’une heure. Cette intervention laisse craindre une place en retrait pour ces sujets d’importance majeure face aux crises de différente nature qui affectent actuellement aussi bien l’UE que ses pays partenaires.
Nous déplorons que le premier point soulevé par le président de la République concerne le renforcement des frontières extérieures de l’Union européenne. Le prisme sécuritaire adopté par le Président n’est malheureusement pas accompagné d’un rappel concernant l’importance primordiale du respect des droits des personnes exilées, au sein de l’UE ou à ses portes. La politique migratoire européenne doit avant tout être humaniste et combattre les inégalités. Ce discours nous inquiète fortement quant à l’avancée du « Pacte européen sur la migration et l’asile ». De la même façon, nous regrettons que le Président n’ait pas suffisamment fait mention de la diplomatie féministe de la France.
Le renforcement de la place de la solidarité internationale dans l’action extérieure de l’UE à préciser
Les 176 ONG membres de Coordination SUD appellent le gouvernement français à renforcer la place de la solidarité internationale dans l’action extérieure de l’UE, basée sur les besoins des populations les plus vulnérables. Une solidarité rendue d’autant plus nécessaire par la pandémie de covid-19, qui renforce l’importance d’une coopération internationale entre pays et continents. Lors de sa présidence, la France organisera le prochain sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne. Le gouvernement a déclaré vouloir à cette occasion renouveler la relation entre ces deux unions et déployer un agenda précis en matière de financements, de climat, de santé et d’éducation. Selon Souad Barry, référente Europe au Conseil d’administration de Coordination Sud : « Il est primordial que cette programmation s’accompagne d’un plan d’action concret qui permette effectivement de réduire les inégalités, et s’appuie sur un partenariat solidaire, juste et équitable qui promeuvent les biens publics mondiaux ».
Notre organisation a d’ailleurs publié, le 2 décembre, un document de positionnement commun proposant 9 priorités et plusieurs actions concrètes à mettre en œuvre autour de ces différents sujets à l’occasion de la PFUE.
Une mobilisation citoyenne dans le processus qui reste à confirmer
La France s’est impliquée dans le processus de consultation des citoyennes et citoyens européens via la Conférence sur l’avenir de l’Europe et consulté les partenaires sociaux, et elle doit poursuivre cet engagement à l’occasion de la PFUE. Néanmoins, pour répondre aux ambitions de « démocratisation » du Président, cette mobilisation doit se faire en direction de toutes les sociétés civiles, y compris les associations de jeunesses, en leur garantissant un espace d’expression effectif et des capacités d’actions suffisantes.
Pour Olivier Bruyeron, président de Coordination SUD : « Les demandes de la société civile doivent être entendues lors de la présidence française de l’UE. Elles sont issues d’expertises de terrain et doivent être mises en œuvre. Mais cela ne peut être réalisé qu’à travers une véritable implication de la société civile tout au long du processus de cette présidence française, afin qu’elle puisse largement s’exprimer et par un soutien de celle-ci via des financements renforcés prenant en compte toute sa diversité. »