PÉTITION
Le REF est signataire de la pétition initiée par le FTDES pour la libération du sauveteur Chamseddine Bourassine et ses 5 coéquipiers, arrêtés pour « aide à l’immigration clandestine ».
Le vendredi 31 août dernier, alors que Chamseddine Bourassine capitaine d’un chalutier assure des activités de pêches[1], l’équipage reçoit un appel de détresse provenant d’une embarcation en panne en pleine mer où se trouvaient 14 Tunisiens, dont 3 mineurs. Malgré la capture d’image par l’agence FRONTEX, aucuns secours ne semblent avoir été prévenus pour sauver les personnes à bord. Attendre en mer encore plusieurs heures de plus sans agir auraient pu être décrété comme un cas de non-assistance à personne en danger, considérant les cas passés réguliers de renvoi des responsabilités du sauvetage entre autorités européennes ayant provoqué jusqu’à la mort de 268 personnes[2].
Au regard de la Convention internationale de 1979 sur la recherche et le sauvetage maritimes (SAR) de 1979 : « Toute unité qui a connaissance d’un cas de détresse prend immédiatement des dispositions dans la mesure de ses possibilités en vue de prêter assistance ou alerte les autres unités pouvant prêter assistance et avise le centre de coordination de sauvetage […] »[3]. Après être venu à la rencontre de l’embarcation, le capitaine Chamseddine a essayé de convaincre les personnes à bord de les ramener en Tunisie à leur point de départ. Mais n’ayant réussi les en persuader[4], le capitaine du chalutier a décidé de tracter le bateau d’émigrants jusqu’aux eaux territoriales italiennes non loin de là pour que les garde-côtes italiens puissent venir leur porter secours pour obtenir « les résultats les plus efficaces.[5] Mais Monsieur Bourassine et son équipage ont été arrêtés, puis incarcérés en Sicile pour « aide à l’immigration clandestine ». Depuis ils sont détenus dans la prison d’Agrigento et risquent d’être condamnés jusqu’à 15 ans de rétention.
Monsieur Bourassine est connu pour avoir mené de nombreuses actions de sauvetages en mer au large de la Tunisie comme le montre ce reportage d’Euronews[6], y compris en partenariat avec des ONG internationales. Il a participé également à de nombreuses reprises à des événements de sensibilisation de jeunes tunisiens aux risques de l‘émigration non réglementaires.
Les organisations et personnes signataires saluent les différentes mobilisations citoyennes de soutien aux sauveurs, l’action du gouvernement tunisien qui a demandé leur libération et appellent :
- La société civile internationale à signer cette pétition pour la libération de Chamseddine Bourassine et de ses coéquipiers qui, pour avoir voulu sauver des vies, risquent une condamnation pouvant aller jusqu’à quinze années de prison ferme ;
- Les gouvernements des Etats membres de l’Union Européenne ainsi que l’UE à cesser la criminalisation des activités de sauvetage en mer, et à assurer pleinement leurs devoirs internationaux de sauvetage que menait notamment le gouvernement italien dans le cadre de sa mission « Mare nostrum » jusqu’en 2014, remplacé par l’opération « Triton » de Frontex. Aucun navire humanitaire n’a opéré entre la Sicile et la Libye depuis le 26 août[7], et bien que les départs aient diminué depuis la Libye l’UNHCR considère que le nombre de noyés augmente, atteignant 1 personne sur 18 contre 1 sur 42 en 2017. Ces entraves aux actions humanitaires sont donc criminelles ; [8]
- Les autorités tunisiennes à mobiliser leurs autorités consulaires en Italie pour maintenir la pression et défendre la situation de ces pêcheurs qui ont réalisé un acte humanitaire ;
- Les autorités italiennes à prendre tous les éléments en compte à leur disposition pour relâcher au plus vite Chamseddine Bourassine ainsi que son équipage.