Egalité femme-homme : il faut agir !
Déclaration à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes
Adoptée à Paris, le 8 mars 2017
L’Association des Femmes de l’Europe Méridionale, fédération européenne réunissant des plateformes nationales d’associations, des associations et des personnalités féministes, conjointement au Réseau Euromed France, plateforme nationale d’organisations de la société civile, engagées dans la région euro – méditerranéenne :
Rappellent que l’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur et un droit de caractère fondamental et universel consacrés par les traités de portée européenne et mondiale qui imposent aux Etats l’obligation d’éliminer les inégalités dont sont victimes les femmes et de promouvoir l’égalité réelle des genres dans tous les domaines.
Considèrent que la France a une responsabilité particulière et un rôle de modèle à jouer pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes et les droits des femmes dans le monde. Cela doit être une préoccupation majeure de toutes ses politiques sur le plan intérieur et extérieur.
Soulignent que l’égalité entre les femmes et les hommes est un facteur primordial de justice sociale et un atout majeur pour promouvoir une croissance économique équitable et inclusive en France, en Europe et dans le monde. Elle est nécessaire à la réalisation des objectifs internationaux en matière de développement et à la réussite de la politique étrangère et de toute politique de coopération au développement de la France.
Expriment leurs graves préoccupations concernant :
L’amplification des inégalités, de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui frappent de manière disproportionnée les femmes, notamment en matière d’emploi et de sécurité sociale, et plus fortement encore les femmes migrantes, ainsi que les jeunes et les enfants, personnes vulnérables, dans un contexte de crise économique et de mesures d’austérité, qui ne sauraient justifier les atteintes aux droits fondamentaux, et en particulier les inégalités et les discriminations.
Les tentatives de plus en plus nombreuses, et parfois violentes, d’entraver, voir détruire, les principes démocratiques et l’Etat de droit qui se manifestent au niveau national, européen et international, menaçant la jouissance égale des droits de la personne humaine pas les femmes et les hommes, les filles et les garçons.
L’aggravation des violences envers les femmes dans la vie quotidienne de tous les pays et dans toutes les zones de guerre et de conflit, et la détérioration générale de la condition des femmes dans la région euro – méditerranéenne.
Demandent urgemment aux autorités publiques françaises de placer au premier rang de leurs priorités la promotion de l’égalité entre femmes et hommes et des droits universels des femmes, conformément aux traités européens et internationaux, ainsi que la coopération participative avec les organisations du mouvement des femmes et de la société civile oeuvrant pour la défense des droits des femmes.
Appellent notamment à :
1. promouvoir l’accès universel à la santé, en particulier la santé sexuelle et reproductive, et aux droits y afférents qui constitue un droit fondamental ainsi qu’à l’information et l’éducation pour réduire la mortalité maternelle et infantile;
2. respecter et promouvoir les droits sociaux fondamentaux consacrés par la Charte sociale européenne et les traités de l’UE et de l’ONU, cruciaux pour la préservation de la cohésion sociale et la reprise économique en France, en Europe et dans le monde; adopter des mesures favorisant l’emploi des femmes et l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle pour les femmes et les hommes, notamment en renforçant le droit du travail et les services sociaux;
3. conduire une politique d’asile et d’immigration sensible aux droits humains et notamment à la dimension de genre; à cet égard, adopter des mesures et des moyens spécifiques garantissant que les droits des femmes demandant l’asile soient renforcés et pleinement respectés, garantir un droit de séjour individuel des femmes migrantes et œuvrer au niveau de l’UE pour le respect effectif du principe de non – refoulement et de l’ensemble des droits humains des migrants en situation irrégulière, en particulier des femmes et des enfants, personnes les plus vulnérables;
4. œuvrer pour faire de la lutte contre la violence envers les femmes et contre l’impunité une priorité absolue, dans le cadre de la coopération au développement et pour faire de la ratification de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe un élément de la conditionnalité des droits dans les accords bilatéraux euro-méditerranéens; promouvoir l’application des résolutions 1325 et 1820 sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité des Nations unies, rappelant les garanties dont doivent bénéficier les femmes et les filles, notamment la protection contre le viol utilisé comme arme de guerre et la prostitution forcée;
5. œuvrer pour la mise en œuvre transversale de l’égalité entre femmes et hommes dans la politique interne et extérieure de l’UE ; pour introduire l’obligation de respecter les droits des femmes dans les dialogues structurés, dans tous les partenariats et les négociations bilatérales de l’Union, et pour la mise en place de mécanismes d’application et de contrôle des plans d’actions adoptés et de mécanismes juridiques sanctionnant les violations des droits fondamentaux, sans lesquels l’égalité entre les femmes et les hommes reste lettre morte.